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Nadia Theodore s’adresse au Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes

Bon après-midi,

Je m’appelle Nadia Theodore et je suis vice-présidente principale, Relations avec le gouvernement et l’industrie à l’échelle mondiale chez les Aliments Maple Leaf. Je suis ici pour représenter la plus grande entreprise de transformation alimentaire au Canada qui possède des installations d’exploitation au Manitoba, en Alberta, en Saskatchewan, au Québec et en Ontario, ainsi qu’une empreinte d’exportation qui comprend l’Asie, les États-Unis et l’Europe. Nous sommes une entreprise née au Canada dont la croissance est d’envergure mondiale. Nous nous sommes engagés et investis dans la réussite et la croissance soutenue du secteur agroalimentaire canadien et particulièrement du secteur de la transformation, qui sera essentiel à la relance économique du Canada, après la COVID-19.

Mais comment pouvons-nous y arriver? Que faudra-t-il pour que ceci puisse se réaliser? J’aimerais souligner trois aspects qui, selon les Aliments Maple Leaf, seront essentiels à cette réussite.

D’abord, la souplesse de la réglementation

Nous savons qu’utilisée correctement, la réglementation peut avoir une incidence positive sur la croissance et favoriser un marché concurrentiel florissant qui appuie l’innovation et les progrès technologiques.

Par contre, si elle est mal exécutée, la réglementation entrave la productivité, entraîne des coûts inutiles pour toutes les sociétés, mais particulièrement pour les petites et moyennes entreprises, et anéantit effectivement les gains en matière de compétitivité.

La bonne nouvelle, c’est que le système de réglementation rigoureux du Canada offre aux Canadiens et aux partenaires commerciaux l’assurance que les produits fabriqués au Canada répondent aux exigences les plus élevées en matière de santé, de sécurité, d’environnement et de qualité.

La mauvaise nouvelle : Notre système de réglementation est également complexe et comporte une structure juridictionnelle à plusieurs niveaux et ce, sans aucune autorité bien définie. Fait plus troublant encore, de nombreuses réglementations sont soit désuètes ou mettent trop l’accent sur la prescription d’un processus, au lieu d’assurer un résultat.

Ceci décourage l’innovation de solutions qui pourraient améliorer les résultats en matière de santé, de sécurité et d’environnement et constitue un obstacle à l’investissement dont notre pays a tant besoin. En voici le résultat ultime : des coûts supplémentaires, un manque de confiance entre l’industrie et les autorités de réglementation et dans l’ensemble, un système peu efficace qui nous empêche de réaliser notre véritable potentiel en santé et sécurité ainsi qu’en compétitivité mondiale.

Avec l’apparition de la COVID-19, le gouvernement canadien a fait preuve de souplesse quant aux processus de réglementation au sein du secteur agroalimentaire.

Nous espérons sincèrement qu’à long terme, le gouvernement continue à prioriser la souplesse de la réglementation.

La recommandation ressortie de la Table sectorielle de stratégies économiques sur l’agroalimentaire de 2018 relative à une charte sur la souplesse de la réglementation, avec une approche qui est axée sur la prévisibilité, l’efficience et l’efficacité et, non moins important – tient compte de l’impact cumulatif de la réglementation et de normes sur la compétitivité et sur les avantages économiques nets pour le Canada, mérite d’être explorée davantage.

Le deuxième aspect que j’aimerais mettre en évidence est le talent. Comme n’importe quelle industrie, la nôtre a besoin d’une main-d’œuvre adéquate afin d’assurer le bon déroulement des opérations. Le secteur continue à identifier les pénuries chroniques et critiques de main-d’œuvre comme étant l’un des risques les plus pressants et un obstacle important à la croissance agricole ainsi qu’à la compétitivité mondiale. À l’heure actuelle, le secteur a besoin de 30 000 travailleurs – soit dix pour cent de notre main-d’œuvre. D’ici 2025, nous nous attendons à ce que ce nombre fasse plus que doubler.

Il ne s’agit pas d’un nouveau défi et l’industrie tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années – heureusement, nous disposons de solutions concrètes sur lesquelles nous souhaitons ardemment travailler avec tous nos partenaires  gouvernementaux. Il faut modifier le Programme des travailleurs étrangers temporaires et les programmes d’immigration afin de soutenir la pénurie immédiate de la main-d’œuvre, afin que les secteurs à forte croissance puissent accéder à la main-d’œuvre mondiale pour l’ensemble de tous les niveaux de compétences.

Mais il y a un besoin encore plus immédiat d’aider à aborder les importants défis liés à la main-d’œuvre que le secteur éprouve en raison de la COVID-19. Même en cours de pandémie, les Canadiens doivent manger. C’est grâce à nos travailleurs de première ligne que les usines de transformation alimentaire du Canada poursuivent leurs activités tout au long de la pandémie et nous fournissent des aliments. Les Aliments Maple Leaf a investi plus de 50 millions de dollars afin de garder nos travailleurs en sécurité et leur permettre de le faire.

Il est essentiel que les gouvernements insistent aussi sur la nature indispensable du travail de nos travailleurs de première ligne en transformation alimentaire et l’importance de leurs contributions. Nous espérons sincèrement que le gouvernement fédéral travaillera avec les provinces afin de veiller à ce que les usines de transformation alimentaire soient priorisées pour recevoir les vaccins contre la COVID-19 immédiatement après les travailleurs essentiels des soins de la santé. Ce critère de sélection est harmonisé à la directive offerte par le Comité consultatif national de l’immunisation et à ce que font les autres pays autour du globe, y compris nos concurrents.

Comme nous l’avons récemment vu, il existe aussi un grave facteur de soin des animaux qui se rapporte à la pénurie soutenue de la main-d’œuvre ou la fermeture d’usines en raison de la COVID-19. Particulièrement dans l’industrie du porc, la chaîne d’approvisionnement fait l’objet d’un étalonnage très serré. S’il survient une rupture dans la chaîne d’approvisionnement du porc, les circonstances peuvent s’aggraver très rapidement sur les fermes. Nous en avons été justement témoins cette semaine, en Alberta.

Pour trouver une solution à plus long terme, les recommandations des stratégies économiques sur l’agroalimentaire offrent une bonne feuille de route :

  • Évaluer les besoins futurs pour tous les niveaux de compétences;
  • Élaborer une stratégie de développement des compétences propre au secteur, y compris accorder une importance particulière aux besoins en apprentissage et en métiers spécialisés; et
  • Promouvoir le secteur en tant que bon choix de carrière.

À mon avis, cette dernière recommandation est particulièrement importante. Nous devons, en tant que gouvernement et industrie, collaborer afin de positionner la production et la transformation alimentaire en qualité de secteur d’avenir et de pointe qui est essentiel au maintien de la santé, de la sécurité et du bien-être économique du pays. Cela signifie joindre non seulement la prochaine génération de futurs travailleurs, mais aussi leurs parents et leurs grands-parents, afin de nous assurer qu’ils soient conscients et convaincus des possibilités qui existent de trouver, dans le secteur, des emplois de longue durée et bien rémunérés.

Avant de terminer, j’aimerais aborder le thème de l’innovation. En 2025, le marché agroalimentaire mondial sera fort concurrentiel et rempli de nouveaux défis – une population croissante, le changement climatique et les progrès rapides de la technologie – pour n’en nommer que trois. Les Aliments Maple Leaf s’efforce de faire évoluer constamment nos produits et nos stratégies commerciales afin de faire face à ces défis. En 2019, nous sommes devenus la première grande entreprise alimentaire au monde à être carboneutre et la seule entreprise canadienne a établir des cibles de réduction des émissions basée sur la science de l’initiative Science Based Targets. Les programmes d’innovation fédéraux existants ne s’adaptent pas bien à la transformation alimentaire. Souvent, ils sont fondés sur la création d’emplois ou sur le développement de technologies perturbatrices. Sur un petit marché comme celui du Canada, ce n’est pas réaliste de croire que toutes ou même que la plupart des innovations seront perturbatrices. Cependant, notre industrie sera avantagée par l’adoption de technologies qui existent déjà dans d’autres pays ou industries et ce faisant, d’introduire et de personnaliser des produits et des processus novateurs au sein du secteur. L’innovation sera essentielle pour assurer la stabilité et la croissance du secteur et on pourrait faire davantage pour adapter des programmes.

Je vous remercie de nouveau de m’avoir accueillie et je répondrai à vos questions avec plaisir.